P. BOURSIER estime que ce qui a été
énoncé par M. RODDE nest pas choquant. Mais la limite de
cette intervention réside dans labsence danalyse des
causes. La Ville de La Roche-sur-Yon a une densité
exceptionnelle : plus de 2000 m² de surfaces commerciales
pour 1000 habitants. Mais cette activité commerciale est extrêmement
mal répartie. Elle est de plus en plus concentrée en périphérie
mais aussi de plus en plus concentrée entre les mains de gros
intérêts commerciaux, de grandes surfaces.
Cette situation est la conséquence dune
volonté très ancienne de léquipe dirigeante de privilégier
le développement des grandes surfaces. Lexemple le plus éclairant
est lopération des Flâneries ; avec un contournement
financé sur fonds publics et placé trop près de la Ville, qui
sest donc révélé inadapté aux flux de voitures, mais
qui était « très avantageux pour ceux qui ont lancé lopération
Flâneries ».
De même, la délocalisation du cinéma du
centre Ville avec la formation du multiplexe est une opération
incohérente qui dévitalise le centre ville, mais qui là encore
se révèle très avantageuse pour ceux qui contrôlent les
grandes surfaces en périphérie. Louverture de Flâneries
Bis, route de La Tranche procède dailleurs de la même
logique pour P. BOURSIER.
Les transactions nouées depuis très
longtemps entre léquipe politique dirigeante et les grands
intérêts commerciaux sont donc à lorigine du problème
commercial de La Roche-sur-Yon.
P. BOURSIER précise ensuite les
conséquences de cette priorité donnée aux grandes surfaces :
·
La désertification du centre ville par de nombreuses
activités commerciales. Il est devenu impossible de trouver
du matériel de sport ou de bricolage en centre ville. Il est également
devenu complexe de trouver des commerces alimentaires. Cela a
des conséquences sur le plan social puisque certaines
populations, sans véhicule et notamment les personnes âgées
sont pénalisées. Cette désertification du centre ville existe
aussi dans certains quartiers de La Roche-sur-Yon ou communes du
pays yonnais.
·
Les transports : Pour P. BOURSIER, chacun peut
constater que La Roche-sur-Yon est devenue le « festival de
laventure au quotidien » en la matière et même
« en route vers le monde enchanté des grandes surfaces ».
Lune des causes de ce problème qui devient réellement endémique,
se situe au niveau de lurbanisme commercial.
P. BOURSIER souligne notamment les
difficultés de circulation les samedis après-midi, route de
Nantes, estimant que ce phénomène est non seulement devenu pénible
mais aussi extrêmement dangereux.
·
Le coût : Les dégâts commis dans le cadre de ce
type de développement doivent être compensés. Pour cela, il
faut faire appel aux fonds publics. Outre lexemple des aménagements
routiers, il est nécessaire dévoquer lopération
des Halles. Il serait intéressant den faire un bilan. Pour
P. BOURSIER, il est coûteux de « jouer au pompier
incendiaire » en faisant des grandes surfaces, puis en
volant au secours du petit commerce mis en difficulté. De plus,
en termes dimpact commercial, cela produit peu de résultats.
Ainsi, le quartier des Halles ne fait pas
preuve dun grand dynamisme commercial malgré les sommes
faramineuses qui y ont été investies. Cela coûte également
cher en terme de subventions danimations du centre ville,
le terme de « réanimation » paraissant plus indiqué
pour P. BOURSIER.
De façon plus générale, lélu du
groupe La Roche Claire estime que la priorité donnée aux
grandes surfaces est un choix de mode de développement qui ne
devrait pas être celui dune ville de gauche. Quand on
soutient coûte que coûte la concentration économique dans la
distribution, on donne la priorité à des firmes et on soutient
un modèle social qui est loin dêtre un modèle
progressiste. Les grandes surfaces génèrent des bas salaires,
des temps partiels contraints, le travail le samedi et même le
dimanche. La Roche-sur-Yon est une « Ville qui multiplie
les dérogations » dans ce domaine.
La majorité municipale donne la priorité
à lintensification des transports, elle encourage également
un modèle de consommation tous azimuts et incite aussi à une
forme de détérioration des paysages quon constate dans
une ville envahie par les panneaux publicitaires (ce qui
constitue dailleurs aussi une forme de privatisation de lespace
public).
« Plutôt que de vouloir concilier linconciliable
en espérant avoir toutes les grandes surfaces du secteur et
avoir dans le même temps un commerce de centre ville et de
quartiers hyperdynamiques, il faudrait avoir une politique plus
cohérente, plus indépendante des grands lobbies économiques ».
P. BOURSIER fait les propositions suivantes
:
Organiser un moratoire pour linstallation
des grandes surfaces :
Et si une extension est programmée, la
Ville doit négocier des contreparties, en demandant aux
promoteurs de créer parallèlement des commerces de quartier à
La Roche-sur-Yon et éventuellement en Pays Yonnais.
Etablir une politique des transports
différente :
On parle de développement durable, mais on
ne le voit pas dans les faits. Les transports gratuits
constituent une solution simple. Des villes de dimension
comparable à La Roche-sur-Yon comme Châteauroux, lont mis
en pratique depuis un an. Cela revitalise le centre ville avec un
faible coût pour le contribuable.
Retrouver la vocation danimation
et de commerce du centre ville :
Ce dernier doit devenir une véritable zone
de déplacement piétonnier, une zone de « flâneries ».
Ainsi, il serait intéressant que la place Napoléon cesse dêtre
un simple rond-point. Il serait également positif de ramener les
activités culturelles en centre ville.
Travailler à plus grande échelle :
Tout cela na de sens que si cest
organisé à une échelle plus grande que celle de la Ville. En
effet, les choix faits ici sont également subis par les autres
communes. Il faudrait donc essayer de travailler avec toutes les
personnes de bonne volonté en pays yonnais et essayer davoir
un développement commercial plus équilibré.
Cela ne remet pas en cause la validité des
propositions faites en Conseil par Mme RODDE, mais cela les met
en perspective. Le groupe La Roche Claire souhaite donc que ces
perspectives plus larges soient prises en compte dans la
politique municipale.
Pour M. LE MAIRE, la logique de la
majorité municipale est une logique de développement. En cela,
elle soppose à celle de P. BOURSIER « qui sapparente
à une logique poujadiste ».