POLICE MUNICIPALE : la dérive sécuritaire de la majorité municipale
Le succès de Le pen au premier tour des présidentielles est en partie lié à la propagande sécuritaire qui a pollué le débat avant les élections. A la Roche-sur-Yon, la gauche plurielle a voulu utiliser le thème de l'insécurité en créant une police municipale alors même que les chiffres de la délinquance constatée en 2001 ont baissé de 8% par rapport à l'année précédente (Ouest France du 2 février 2002) et sont très faibles par rapport au reste du pays.
Extraits de l'intervention de Philippe Boursier au nom du groupe La Roche Claire (conseil municipal du 12 décembre 2001):
" (...) Il est faux de dire qu'il y a à la Roche-sur-Yon une augmentation de la délinquance grave. La Roche-sur-yon et plus généralement la Vendée demeurent des espaces où les taux de délinquance constatée sont parmi les plus bas de France(...) rien ne justifie la création d'une police municipale. Cette proposition est foncièrement démagogique, coûteuse et dangereuse.
Démagogique parce qu'une telle police est contraire aux principes qui régissent la vie démocratique. La mise en place et l'organisation des moyens de la répression de la délinquance, qu'il s'agisse des forces de police ou des instances judiciaires, doit rester du ressort exclusif de l'Etat. C'est au niveau de l'Etat que doit être fixée la règle de droit. C'est au niveau de l'Etat que doit être garantie la sécurité des biens et des personnes. La création d'une police municipale ne peut qu'affaiblir ces principes intangibles qui régissent l'espace public dans une démocratie ;
Dangereuse parce que la mise en place d'une police municipale doublerait la police nationale, c'est la porte ouverte à toute une série de dérapages et de bavures. Une police municipale, ce sont des personnels moins formés que les policiers nationaux; l'expérience montre que ce type de service rentre très rapidement en concurrence avec les services de l'Etat; enfin l'idée de faire voter le principe d'une police municipale non armée est parfaitement démagogique puisque le fait d'avoir des armes est précisemment l'une des principales revendications des syndicats de police municipale.
"Les deux syndicats voudraient bien remettre sur le tapis une discussion close le 15 avril 1999, lors du vote de la loi sur la police municipale : elle encadre leur armement et donne aux préfets le pouvoir de s'opposer à leur équipement. Mais ils veulent des armes pour tous." Libération du 11 décembre 2001.
Coûteuse parce que désormais les citoyens yonnais paieront deux fois la politique dite de sécurité publique : il faudra payer des impôts locaux pour financer les "shérifs" locaux tout en payant les impôts prélevés par l'Etat central.
Plutôt que de prétendre de manière irresponsable qu'il existerait une solution unique, essentiellement répressive, aux problèmes d'insécurité ressentis par une partie de la population, il faut rappeler que ce type de problème nécessite au contraire des réponses multiples. La municipalité doit mieux faire son travail de prévention de la délinquance et non pas vouloir parasiter l'action répressive des services de l'Etat. Faire de la prévention cela suppose de réduire à la fois le sentiment d'insécurité et la délinquance constatée.
¤Il s'agit d'abord de lutter contre la précarité économique qui engendre à la fois des comportements délinquants et un sentiment d'insécurité chez beaucoup de nos concitoyens.Et ce n'est pas ce que vous faites : la mairie de la Roche-sur-Yon est l'un des plus gros pourvoyeur d'emplois précaires de la ville (...).
¤ Faire de la prévention c'est aussi promouvoir un développement équilibré des quartiers. Or sur ce point votre politique est totalement incohérente. L'essentiel des investissements a été orienté vers un centre-ville qui s'est vidé d'une partie de sa population, alors que certains quartiers périphériques sont laissés à l'écart des choix d'équipement.Par exemple il n'est pas normal qu'aucun grand équipement culturel ou sportif n'ait été implanté dans le quartier Nord-Est (Enrilise, Pyramides, Jean Yole...) où vit près d'1 yonnais sur 4.
¤ Faire de la prévention ce serait également soutenir toutes les initiatives associatives visant à reconstruire les solidarités. Encore cela suppose-t-il de soutenir la vie associative sans arrière pensée politique et de laisser leur autonomie aux maisons de quartiers ; c'est aussi soutenir le travail des éducateurs.
¤ Faire de la prévention ce serait aussi de mieux financer les structures d'acceuil de jour de la population errante - telle que la Halte - qui sont aujourd'hui confrontées à des vraies difficultés budgétaires ; Enfin, dernier aspect du dispositif, une telle politique suppose de soutenir et de renforcer les services publics ce qui malheureusement est loin d'être votre préoccupation puisque vous avez abandonné au secteur privé la gestion de l'eau, celle des déchets, les transports collectifs urbains et que vous vous préparez au cours de ce conseil à déléguer de nouvelles activités à des intérêts privés."